|  Piper nigrum, baies fraiches vertes, poivre blanc, poivre noir
 
 
 
 
 
 
 
  Baie charnue de Aframomum montrant ses graines de paradis
 
 
 
 
 
 
 
  Poivre de Sélim (Xylopia aethiopica)
 
 
 
 
 
 
 
  Povre long Piper capense
 
 
 
 
 
 
 
  Epis fleuris et feuilles de Piper capense, en sous bois
 
 
 
 
 
 
 
  Un rameau de Zanthoxyllum piperitum, le poivrier de Szechuan
 
 
 
 
 
 
 
  Sansho (Zanthoxylum schinifolium)
 
 
 
 
 
 
 
  Szechuan rouge
 
 
 
 
 
 
 
  Pierre Poivre et l'Ile de France (Maurice)
 
 
 
 
 
 
 
  Grappes de Piper nigrum  : baies vertes et rouges
 |  « Dieu  a fait l'aliment, le diable l'assaisonnement » James Joyce (Ulysse, 1922)  :: Un  seul nom, une grande diversité
  Dans  les catalogues des marchands d’épices, dans les textes anciens, récits  d’explorations, remèdes des guérisseurs et apothicaires, dans les descriptions des  pratiques alimentaires et les recettes de cuisine du monde, le terme poivre désigne une si grande  diversité de produits d’origine végétale qu’il est même difficile d’en dresser  une liste exhaustive. 
  Les  botanistes tiennent à ce que le terme de poivre soit uniquement réservé aux  fruits des plantes du genre Piper, de  la famille des Piperaceae (les « poivres  vrais ») : ce sont les seuls à contenir à dose notable un alcaloïde,  la pipérine, responsable de la saveur si typique du poivre. La même volonté  anime les instances internationales et nationales d’analyses, de statistiques et  de contrôles commerciaux : actuellement, selon les moins stricts de ces  textes, seuls les fruits de Piper  nigrum,  (le plus cultivé des poivres en grains), du Piper cubeba, le poivre à queue, et  du Piper longum, le plus anciennement  commercialisé des poivres longs, ont droit légalement à l'appellation de  « poivre ». Peut-être faut-il y voir une sorte de reconnaissance de l’ancienneté des  échanges dont ils ont fait l’objet : les routes des épices datent de plusieurs  millénaires, du temps des Egyptiens, de la Chine et de l’Inde ancienne ;  le nom sanscrit des poivres, pippali,  est d'ailleurs à l’origine de leurs noms scientifiques et communs dans la plupart des  langues européennes. Face à l’afflux sur les étals des marchands d’épices, de  nouveaux poivres arrivant du monde entier, combien de temps ces restrictions officielles  tiendront-elles encore ? 
  Quoi qu’il en soit les botanistes et les  autorités suggèrent d’affubler tous les autres épices du titre quelque peu  disgracieux de faux-poivre. Les producteurs, les marchands et les usagers continuent  sagement à nommer « poivre » un  large éventail de graines ou de fruits appartenant à des espèces, des genres et des familles botaniques, aussi  nombreuses que diverses :  à coté des Piperaceae chéris des  botanistes, des poivres appartiennent à la famille des Zingiberaceae (les célèbres graines de paradis souvent nommées aussi  poivres de Guinée), aux Rutaceae (les Zanthoxylum  dont les  fruits sont les poivres du Szechuan et leurs apparentés, par exemple le Timut de Katmandou ou le Sansho japonais), des Annonaceae (le poivre de Selim, Xylopia aethiopica, proche de l’Ylang-ylang),  des Anacardiaceae (les fameux Schinus qui donnent des baies vivement  colorées, appelées poivre rose ou poivre Bourbon).  Quant au rare poivre de Tasmanie, c’est une baie produite par un arbuste, Tasmannia lanceolata, appartenant à la  petite famille des Winteraceae, confinée  à l’Hémisphère Sud, qui contient aussi l’espèce Drimys winteri, dont les baies et les graines piquantes constituent  l’étonnant poivre de Chiloé (du nom d’une ile chilienne) alors que son écorce,  la cannelle de Magellan, appréciée pour ses vertus antiscorbutiques, est elle-même  appelée parfois poivre, lorsqu’elle est réduite en poudre. 
  En fait, les traits évoqués par les acteurs des  filières et les usagers pour caractériser les poivres sont multiples. Comme  souvent dans les catégories reconnues par les savoirs et savoir-faire  populaires, aucuns de ces critères n’ont une valeur vraiment générale et tous souffrent  d’exception qui n’empêchent en aucune manière de ranger un produit dans la  catégorie « poivre » même si l’un ou l’autre des traits, pourtant retenus  comme signifiants, est absent. Ainsi, l’un des caractères les plus souvent attribués  au poivre est la forme en grain arrondi telle que chez le très répandu Piper nigrum, qui  représenterait à lui tout seul près de 30% du commerce mondial des épices. Les poivres longs (Piper longum, Piper capense) ou le poivre de Selim (Xylopia aethiopica)  ont des formes en bâtonnets, ce qui n’empêchent pas leur classement dans la  catégorie des poivres. L’existence d’usages locaux et d’échanges commerciaux anciens  sous le nom de poivre permet de comprendre la terminologie actuelle : les  expressions médiévales « poivre de Guinée » ou « poivre de  malaguette », dans plus de 25 % des recettes de sauce du Moyen Age  européen, explique pourquoi les graines de paradis ou maniguettes (Aframomum sp.) sont  souvent encore présentées comme des poivres. :: Plus  aromatique que brulant  
  La plus constante des caractéristiques de cette épice est évidemment de nature gustative : le poivre pique. Chez les  Pipéracée, cette sensation est due à la présence d’un alcaloïde, la pipérine.  Mais, il est impossible de réduire les saveurs piquantes des poivres à une  sensation simple de brulure, fort différente par ailleurs de celle provoquée  par les piments, Capsicum sp. Les  spécialistes utilisent maintenant pour décrire le goût des nombreuses  provenances de poivres un vocabulaire et des excès sémantiques qui ne sont pas  sans rappeler ceux utilisés pour les crus de vins. Certains poivres sont dits boisés,  fruités, longs en bouche, ronds, frais, verts, etc. Le poivre de Tasmanie,  parfois appelé poivre des Aborigènes, est réputé pour, outre sa couleur d’un noir  violet profond, son effet « retard » en bouche qui commence par un  gout sucré, puis se développe en notes de fruits rouges pour finir par des sensations  brulantes, fortes et aromatiques. Tous les poivres de la famille des Rutacées  (les Szechuans, baies de Zanthoxylum)  déclenchent le lyrisme des gastronomes qui tentent de transcrire l’étrange  effet de picotement « électrique » qu’ils provoquent sur la langue,  suivi d’une sensation, aussi originale que passagère, d’engourdissement et de  fraicheur.  Tout est dû à la présence  dans ces baies d’une molécule, un amide appelé alphahydroxysanshoo,  à l’effet paresthésique. :: De l’avantage d’être une baie
  Un des traits les plus souvent convoqués pour  tenter d’unifier la diversité des poivres est que le grain de poivre est un  fruit charnu issu de l’évolution de l’ovaire des fleurs après la fécondation, qui  ne s’ouvre pas seul à maturité et qui contient en son cœur une ou plusieurs  graines, les pépins. C’est très précisément ce que les botanistes appellent une  baie : son péricarpe (l’ensemble des trois enveloppes de la baie) offre  sous un épicarpe membraneux souvent brillant et vivement coloré, deux couches charnues qu’il  faudra faire sécher (et parfois éliminer plus ou moins complètement) après la  récolte ; Tous les graines de poivres  issus du genre Piper sont typiquement  des baies à une seule graine et les poivre longs (Piper longum, P. capense,…) se sont rien d’autres que l’agrégation  le long de l’ancien axe de la grappe florale des petites baies correspondant  chacunes à une ancienne fleur. Si le poivre Bourbon rose, le Tasmanie ou encore  le Chiloe, les fruits allongés du poivre de Selim sont typiquement des baies à  plusieurs graines, ceux des Zanthoxylum (Szechuan, Timut, Sansho) qui se fendent d’eux même à maturité sont du point  de vue des botanistes des capsules à déhiscence septicide. Quant aux graines de  paradis, elles sont bien issues d’une baie charnue, juteuse et vivement  colorée de rouge comme une pomme mais, en fait, seuls leurs pépins constituent  les grains du poivre. 
  L’existence d’enveloppes diverses autour des grains  de poivre, quelle que soit leur appartenance botanique, implique que, pour obtenir  le produit fini, prêt à la commercialisation et à la consommation, il faut lui  faire subir des transformations qui varient selon la provenance, l’espèce ou la variété de poivre mais surtout selon  les habitudes et les savoir-faire locaux. C’est pourquoi, sur les marchés  actuels, chez les marchands d’épices les plus accomplis, une attention de plus  en plus grande est accordée à la provenance. Les gastronomes les plus  exigeants, parlent  maintenant de « grands  crus », pour désigner les provenances de poivres les plus remarquables :  ils invoquent la conjonction de sols, de climats, d’espèces et de variétés végétales,  de pratiques particulières concernant la culture, la cueillette et la  transformation (décorticage, séchage, fermentation, fumage) qui font de  certains poivres des trésors uniques. On retrouve là des représentations proches  des notions de produits de terroir et des appellations d’origine. La saveur  particulière d’un grand poivre est le résultat de l’histoire d’un territoire,  de sa nature et de son peuple : un peu comme les grands crus vinicoles, un  grand poivre est le résultat de la combinaison d’un terroir et  de pratiques spécifiques. Il n’est donc pas étonnant que certaines  provenances bénéficient déjà du statut d’IGP (Indications géographiques  Protégées) tel le poivre de Kampot (Cambodge, depuis 2010) ou celui de Penja (Cameroun, depuis 2013). 
  Toutes  les provenances offrent généralement plusieurs  produits finis. Cueilli en début de  maturité, le poivre est dit vert : il peut être consommé frais  (généralement sur place, un pur délice !), déshydraté, congelé ou mis en  saumure, ce qui lui permet de voyager. Il peut alors développer des aromes légers  avec une saveur végétale très fraiche (particulièrement remarquable dans le cas  par exemple des Szechuan verts  déshydratés) surtout lorsqu’ il y a eu lyophilisation : déshydratation  après congélation, c'est-à-dire par sublimation. Mais le plus souvent, le  résultat est un peu décevant et peu subtil, en particulier pour les provenances  de grande qualité, les plus précieuses. 
  De manière générale, on évitera les  transformations profondes, en particulier les moutures : les poudres  s’éventent trop facilement et l’on n’est jamais sûr qu’elles ne proviennent pas  de grains de mauvaise qualité, cassés ou mal séchés. On se méfiera surtout des moutures bon marché,  commercialisées sous le nom vague de « poivre gris », dont la couleur  n’est due qu’au mélange du péricarpe et de la graine, lors du broyage. Le poivre  ne voyage bien et ne se garde bien que sous forme de grains entiers. 
  C’est au niveau des grains de poivre vrai, et  notamment du plus cultivé d’entre eux le Piper  nigrum, que l’offre de base est la plus diversifiée : chaque provenance se  décline en noir, rouge ou blanc. 
  Le poivre noir est constitué des  baies récoltées à maturité et séchées au soleil. Elles développent alors, par fermentation, des arômes vigoureux,  piquants et chauds, très appréciés et souvent associées aux viandes rouges :  parmi les poivres réputés en noir, il faut au moins citer le Kampot et le Penja noir mais aussi le poivre cubèbe et le Voatsiperifery dont les pédoncules floraux persistants après le  séchage participent au parfum et à la saveur : il n’est donc pas  recommandé de les équeuter avant de les utiliser. 
  Le poivre rouge est issu de grains cueillis  tardivement et sélectionnés minutieusement pour ne garder que ceux dans les  fruits présentent des nuances rouge typiques, plutôt rares chez Piper nigrum. Lavage et séchage se font  avec suffisamment de délicatesse pour que la couleur rouge se maintienne. Les  plus connus sont le Kampot, le Phu Koc et les précieux Penja et voatsiperifery. Il existe un poivre très rouge, originaire des  forêts humides d’Afrique : Piper  guineense, le poivre de Kissi, a de magnifiques baies vermillon à la saveur  unique : mais il est si peu cueilli et si rarement cultivé qu’il est  encore très rare sur le Marché. 
  Le poivre blanc est  récolté tardivement, à pleine maturité lorsque la graine est déjà bien développée.  Les baies sont alors plongées quotidiennement dans de l'eau pendant une dizaine  de jours puis décortiquées de manière à les  débarrasser de leur « péricarpe" avant de les faire sécher au  soleil. Se développent alors des saveurs  légères, plus aromatiques que puissantes. Les plus appréciés des poivres blancs  sont le Kampot, le Sarawak, le Malabar et bien entendu le merveilleux Penja. :: Une  histoire de passion et de tumultes 
  Rendre compte de la richesse et de la  profondeur du monde des poivres et de sa place dans notre monde actuel ne  saurait se faire sans que soient évoqués les histoires extraordinaires, les  combats et les destinées hors du commun, qui depuis la nuit des temps ont  accompagnées leur production et leur commercialisation. Depuis la plus haute  antiquité (l’Égypte, les Nabatéens, Angkor, l’Inde, la Chine ancienne,...), les  hommes n’ont cessé de conjuguer conquêtes, diplomatie et violence pour mettre  la main sur les fameux « aromates », aux attraits culinaires aussi  bien qu’aux vertus médicinales.  Longtemps contrôlées par Rome, les lucratives routes des épicesdevinrent, durant tout le Moyen Age l’apanage des Vénitiens et des Arabes qui  s’imposèrent comme intermédiaires incontournables entre l’Occident et l’Orient,  aux parfums exotiques de ce paradis dont la maniguette porta longtemps le nom.  Si les explorations de Christophe Colomb vers l’Amérique s’avérèrent plutôt  décevantes en ce qui concerne les poivres mais révéla au monde entier les  piments, les voyages de Vasco de Gama et de Afonso de  Albuquerque permettront au Portugal de prendre le contrôle des voies maritimes arabes et de  commercer directement par exemple avec le Siam et les Moluques. 
  En  France, il fallut attendre 1664 pour que Colbert crée la célèbre Compagnie des Indes orientales, établie à Pondichéry ou  à Chandernagor (Inde) qui commença des échanges directs avec Ceylan et la  Chine. A la fin du XVIIe siècle, un personnage étonnant au nom prémonitoire, le botaniste Pierre Poivre réussit à convaincre la  Compagnie de se lancer dans l’aventure de la culture des épices en s’appuyant  sur des jardins d’essais comme il l’avait fait lui-même dans son magnifique Jardin  de Pamplemousses au cœur de l'île de France (l'ancien nom de l'île Maurice) et  de trouver de nouvelles terres d'accueil pour les poivres à travers le monde  (Madagascar, Guyane, Antilles, Afrique). 
  L’expansion  coloniale de l’Europe, au XIXème et au début du XXème siècle est paradoxalement  une période de déclin des épices, essentiellement à cause des politiques de  développement agro-économiques qui privilégièrent le vivrier et l’industriel  mais aussi du fait de changements dans les habitudes de consommation occidentaleset  par le développement des industries de synthèse aromatiques. 
  De  nos jours les épices et tout particulièrement les poivres, retrouvent une place  majeure dans le commerce international, probablement grâce à l'engouement pour les  voyages, les cuisines du monde, la recherche de sensations nouvelles en gastronomie  mais aussi l’ouverture aux épices de la parfumerie et de la cosmétologie.  Toutes les sources consultées estiment que le marché atteint 1 million de  tonnes par an (ce qui génère 2 milliards d'euros par an) et augmente de 10 %  chaque année. 
  La  production de poivres (et d’épices) apparait comme une excellente opportunité  pour nombre de pays du Sud, souvent fraichement indépendants. Ils y voient  l’occasion de conduire des politiques lucratives assurant une forme de  développement tournée vers le local, ce qui séduit les instances internationales  d’aide au développement et les rend généreuses. Comme pour le café, les épices  sont en général produits par de petits agriculteurs sur d'étroites parcelles  (moins d’un quart d’ha). La culture, la cueillette, la transformation  mobilisent des savoir-faire subtils et anciens, qui valorisent les traditions  et les communautés paysannes. Souvent lianescents ou arbustifs, les poivres  sont en général des plantes d’origine forestière qui ont besoin de supports,  d’ombrage, se prêtent mal aux productions industrielles intensives mais se  plaisent particulièrement dans des systèmes de productions complexes et durables (agroforêts, jardins, cultures intercalaires) riches en biodiversité. Ils en deviennent la clef de voute indispensable car ils sont une source de revenus assez forte et régulière qui assurent la survie de ces secteurs de production souvent fragiles et menacés par l’industrialisation des agricultures du Sud. 
  Le  commerce des épices restent encore une activité aventureuse, à risque. Les  aléas climatiques (cyclones, sécheresses), la concurrence féroce entre les pays  producteurs, l’organisation obscure et très pyramidale (beaucoup de producteurs  et quelques gros acheteurs spéculateurs dans les vieux pays industrialisés du Nord)) font que les  prix jouent aux montagnes russes et que les spéculateurs s’en donnent à cœur  joie d’autant qu’il n’existe ni bourse centrale, ni organisme international  régulateurs (comme dans le cas du café ou du cacao). Si la production mondiale de poivre a dépassé maintenant les 200 000 tonnes, elle n’arrive toujours pas à satisfaire la  demande mondiale. B. Roussel pour GdP, novembre 2014  
      
        1. Ce sont ces noms,  qu’ils soient vernaculaires (d’origine locale) ou communs (utilisés le long des  filières) que nous avons gardés sur nos étiquettes et dans notre catalogue car  ils sont évocateurs, poétiques, porteurs de cette part de rêve, de voyage et d’exotisme  souvent associées aux épices par les passionnés d’épices. Mais ils sont souvent  imprécis et flous : c’est pourquoi nous les avons toujours fait suivre des  noms scientifiques exacts et de brèves descriptions de manière à enlever toute  ambigüité quant a la nature réelle de nos produits.
 
  
          2. Sur l'échelle de Scoville (inventée en 1912 par le pharmacologue Wilbur  Scoville pour mesurer la force des épices), la pipérine pure est  160 fois moins piquante que la capsaïcine pure , neurotoxine  piquante du piment, mais environ deux fois  plus brulante que le (6)-gingérol, du gingembre. 
          3. En France, ce n’est qu’assez  tardivement qu’épiciers et apothicaires se sont séparés : l’ordonnance de Louis  XII en 1514 qui consacra la supériorité des apothicaires (« Qui est  épicier n'est pas apothicaire, qui est apothicaire est épicier ») et beaucoup d’épices sont restés  longtemps dans le cortège des médicinales. On a reconnu aux divers poivres,  durant des siècles, de très nombreuses vertus curatives (aphrodisiaque,  digestive, anesthésiante) : toutes n'ont certes pas été démontrées mais  l'on reconnait aujourd'hui qu’à dose raisonnable, la pipérine a des vertus antimicrobiennes,  anti-inflammatoires et hépatoprotectrices. Elle favorise l'absorption ainsi que  la biodisponibilité de nombreuses molécules (vitamines, minéraux,...) et la fameuse curcumine, voient son absorption  multipliée par 20 lorsqu'elle est associée à la pipérine. 
          4. Très couteux, les  poivres ont longtemps été des signes de richesse, apanages de la table des  puissants, et ont servis de monnaie d'échange : il faut songer par exemple  à notre expression « payer en espèces ». Après le XVème siècle  et les Grandes découvertes, les piments du Nouveau Monde ne se sont d’abord  imposés que parce qu’ils offraient une alternative peu onéreuse au poivre et  qu’il était possible de les cultiver aisément en climat tempéré comme sous les  Tropiques.   
          5. Avec  notamment le déclin de la plupart des boissons alcoolisées aromatiques (vins d’épices,  Hypocras et autres Ambroisie,…) qui passent de mode à l’exception toutefois des  boissons anisés méridionales comme les pastis, toujours grandes consommatrices  d’épices : les recettes les plus sophistiquées font toujours appel à des  poivres, à la graine de Paradis, à divers anis (étoilé, vert) et même à la noix  de cola. 
          6. Depuis toujours, les  parfumeurs recourent au poivre, à la vanille ou la cannelle. Mais les grands  parfumeurs modernes sont entichés d’épices. Le parfum Nu, d'Yves Saint Laurent,  est par exemple dominé par le poivre noir et J’adore de Dior contient une  graine de Paradis. Quant au gingembre bleu de Madagascar, il semble intéresser  beaucoup la maison Chanel.   
          7. Ces dernières années, la palme revient au gingembre dont  les exportations mondiales annuelles ont bondies de 20%, au safran (15%) et surtout  au curcuma (qui contient de la curcumibe aux vertus anti-inflammatoires puissantes, anticancéreux reconnu) dont  les ventes ont progressées de 30 %.  |